Nitidis accompagne les organisations pour anticiper et gérer les catastrophes naturelles avec des stratégies de communication efficaces.
By Laurent Vibert
Expert en Communication stratégique & Média Training | Ex Porte-Parole des Pompiers de Paris | PDG de Nitidis et Mediatraining.info Lecturer au Celsa, Sorbonne...
4 novembre 2024
Les récentes inondations en Espagne, notamment dans la région de Valence, ont causé plus de 217 morts, rappelant brutalement la vulnérabilité de nos infrastructures face aux catastrophes climatiques. Cet événement souligne l’urgence pour la France et l’Europe de réexaminer leurs dispositifs de gestion de crise et d’anticipation. Comment mieux protéger les populations face à des phénomènes climatiques extrêmes qui, sous l’effet du changement climatique, risquent de devenir plus fréquents et plus intenses ? Mais également face à des catastrophes industrielles (Lubrizol) ?
En période de catastrophe naturelle, la communication de crise joue un rôle essentiel pour protéger les populations, limiter les risques de panique et coordonner les efforts de secours. Face à des événements soudains et violents, comme les inondations de Valence, une information rapide et précise permet d’alerter les habitants et de leur transmettre des consignes claires pour assurer leur sécurité. Laurent Vibert, fondateur de Nitidis et expert en gestion de crise, souligne que « dans ces situations, la capacité des autorités à délivrer des messages cohérents et adaptés peut significativement réduire le nombre de victimes et favoriser une réponse organisée des secours ».
Les autorités doivent gérer des flux d’informations complexes, diffuser des consignes de sécurité et répondre aux inquiétudes de la population, tout en gérant la couverture médiatique pour éviter la propagation de rumeurs. Une communication de crise bien structurée aide à maintenir la confiance du public et à mobiliser les ressources locales, nationales et parfois internationales. En Espagne, la diffusion d’alertes précoces et de mises à jour régulières a permis de réduire les risques de confusion et d’orienter la population vers des zones sécurisées, soulignant l’importance de stratégies de communication renforcées et d’outils performants pour la gestion de crise en Europe.
Les inondations de Valence ont révélé des faiblesses dans les infrastructures et les systèmes de prévention, souvent insuffisants pour faire face à des phénomènes aussi violents. En France, des initiatives voient le jour pour remédier à ces failles. En mars 2024, un centre de recherche a été inauguré à Baziège, en Haute-Garonne, pour tester des dispositifs de protection, comme des membranes étanches et des batardeaux gonflables, capables de contenir les crues (Le Monde). Ces technologies, encore expérimentales, offrent des solutions prometteuses pour les zones les plus exposées.
Du côté des systèmes d’alerte, l’Espagne a démontré l’importance des alertes précoces pour limiter les pertes humaines. En France, les systèmes d’alerte, comme le SAIP et les notifications de Météo-France nécessitent des améliorations pour offrir des informations plus précises et localisées. Des services comme Predict, qui proposent une surveillance hydrologique avancée, sont précieux pour les collectivités, mais restent souvent inaccessibles aux petites communes, faute de financements adéquats.
Les réactions en Espagne montrent que la préparation des citoyens aux risques d’inondation peut sauver des vies. Des campagnes de sensibilisation et des exercices de simulation préparent les populations à réagir efficacement, limitant ainsi les pertes humaines et matérielles. En France, il est nécessaire de renforcer cette culture du risque. Sensibiliser les citoyens aux bons réflexes, organiser des exercices d’évacuation et de mise en sécurité, et éduquer dès le plus jeune âge aux risques naturels pourraient améliorer la résilience collective.
Dans le cadre des transactions immobilières, il est aussi important que les acquéreurs et locataires soient informés des risques liés aux inondations. Bien que cette information soit théoriquement fournie, elle est souvent négligée, contribuant à une faible culture du risque en France. « La culture du risque n’est pas encore bien ancrée en France, où l’État a toujours joué un rôle protecteur », souligne Sophie Durand, spécialiste en éducation aux risques naturels.
Les catastrophes naturelles ne connaissent pas de frontière, et une coopération renforcée au sein de l’Union européenne est primordiale pour répondre aux crises climatiques. Le mécanisme de Protection civile de l’UE offre un cadre de solidarité, permettant aux États membres de se prêter main-forte via l’envoi d’équipes de secours et de matériels spécialisés. Cependant, des exercices conjoints, un partage en temps réel des données climatiques et des ressources pour anticiper les événements extrêmes renforceront encore cette solidarité.
Le Haut Comité Français pour la Résilience Nationale (HCFRN) soutient une approche proactive et coordonnée entre les États membres pour la gestion des crises climatiques. Il recommande une évaluation régulière des risques et des efforts concertés pour adapter les infrastructures européennes aux nouveaux défis climatiques.
Les experts sont unanimes : le réchauffement climatique amplifie la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles. L’adaptation des politiques publiques en matière d’urbanisme, de gestion de l’eau et d’aménagement du territoire est essentielle pour mieux protéger les zones vulnérables. En France, le gouvernement envisage d’introduire de nouvelles normes de construction pour limiter l’exposition des bâtiments aux risques.
Cela inclut également des pratiques agricoles adaptées, pour limiter le ruissellement des eaux qui contribue à l’aggravation des crues. Des solutions, telles que l’aménagement de zones d’expansion des crues et la création de bassins de rétention, sont aussi étudiées pour mieux encadrer l’impact des inondations.
Les événements climatiques extrêmes imposent d’accroître les investissements en recherche et en innovation pour mieux anticiper et gérer les crises. Le centre de recherche de Baziège, qui teste de nouvelles technologies de protection contre les inondations, en est un exemple. Des partenariats entre chercheurs, entreprises et collectivités locales pourraient permettre de concevoir des solutions encore plus efficaces pour limiter les dégâts des crues.
Le régime d’assurance CATNAT en France, qui indemnise les sinistrés sans exigence de prévention, est une spécificité française. Contrairement à d’autres pays, où les primes sont ajustées en fonction des mesures de prévention prises, la France n’encourage pas suffisamment les propriétaires à investir dans des dispositifs de protection. En partenariat avec l’État, les assureurs pourraient introduire des incitations financières, comme des réductions de primes pour les propriétaires équipés de dispositifs de sécurité (batardeaux, fondations renforcées, etc.).
François Laigle, économiste de l’environnement, observe que « tant que l’assurance ne sera pas plus incitative, nous continuerons d’assister à des réparations sans amélioration des conditions de sécurité ». Ce modèle pourrait en effet réduire les coûts d’indemnisation et renforcer la culture de la prévention chez les particuliers.
Vers une résilience collective : un impératif pour l’Europe
Les inondations en Espagne et les catastrophes climatiques qui touchent de plus en plus l’Europe montrent la nécessité d’un changement de paradigme dans la gestion des risques. En renforçant les infrastructures, en sensibilisant davantage les populations, et en adoptant des politiques d’assurance incitatives, la France et ses partenaires européens peuvent renforcer leur résilience face aux futures catastrophes climatiques.
Laurent Vibert, fondateur de Nitidis et expert en gestion de crise, affirme que « chaque catastrophe est une opportunité pour réviser nos systèmes de prévention et renforcer notre résilience collective ».
La France peut tirer des leçons de cet événement tragique pour devenir un modèle en matière de résilience climatique en Europe, en plaçant la prévention, la formation, la coopération et la responsabilité individuelle au cœur de sa stratégie de gestion des risques et des crises.